vendredi, juin 30, 2006

Divers - Quelques traits...

L’amour nous fait devenir ce que nous aimons
(Maitre Eckhart)

G. Bruno, par lui-même :
« Si vous connaissiez l'auteur, vous lui trouveriez un air égaré ; on dirait qu'il a toujours sous les yeux les supplices de l'enfer : on dirait qu'il a été foulé comme un bonnet de laine ; s'il rit, cet homme-là, c'est pour faire comme tout le monde ; la plupart du temps, vous lui verrez une expression ennuyée, réticente et bizarre : rien ne le satisfait, il est récalcitrant comme un octogénaire, lunatique comme un chien écorché, pleurnichard comme un mangeur d'oignons (...) Cet homme-là et ses pareils, philosophes, poètes et pédants, n'ont pas de plus grande ennemie que la richesse : elle les fuit comme 100 000 diables, tandis qu'ils font d'elle l'objet de leurs dissections intellectuelles (...) De sorte qu'au service de cette canaille, j'ai tellement faim, tellement faim, que si le besoin me prenait de vomir, je ne pourrais rendre que mon dernier souffle ; si je devais faire caca, je ne pourrais chier que mon âme, comme les pendus.»
G. Bruno,
Extrait de l'antiprologue du "Chancelier" (1582), traduction Yves Hersant. Ed. Belles Lettres, 1993.

« (...) Sachez que l'universel me déplaît, que je hais le vulgaire, que la multitude me contrarie. L'Un, tel est mon amour. L'Un me rend libre dans la sujétion, comblé dans l'épreuve, riche dans la nécessité et vivant dans la mort (...) Et si j'erre, c'est contre mon gré. Quand je parle et quand j'écris, je ne dispute point par amour de la victoire (car j'estime ennemies de Dieu, des plus viles et des plus ignobles, toutes réputation et victoire dénuées de vérité). Mais c'est par amour fervent de la sagesse et de l'observation vraies que je m'épuise, m'inquiète et me tourmente (...)»
G. Bruno,
Extrait de L'infini, l'univers et les mondes (1584) (Epître liminaire adressée à l'ambassadeur de France auprès de la reine d'Angleterre).

Thèse d'Erasme (source de la modernité) : l'homme libre est celui qui dispose de son libre arbitre.

Luther répondit à Erasme que si le libre arbitre suffit à libérer l'homme, alors l'homme n'a plus besoin de Dieu. Donc, dit Luther, la thèse d'Erasme aboutit à admettre que l'homme peut se délivrer du mal sans l'aide de Dieu. Donc qu'il peut savoir ce qu'est le mal, donc qu'il est capable de s'élever au-dessus de son propre point de vue autrement qu'en s'éloignant de lui-même. Thèse de Luther, par opposition : seule la vérité rend libre, donc l'homme doit accepter qu'il est serf de la vérité, qui vient de Dieu, donc son libre arbitre n'est fondé que sur le serf arbitre.

mercredi, juin 28, 2006

Tradition

Par Tradition on entend un savoir immémorial et absolu, auquel l'initié semble relié. Ce trésor de la Tradition est ainsi la chaîne, le maillon qui relie chaque initié à ses prédécesseurs, à ses initiateurs depuis l'origine des temps.

D'aucuns disent que la "Tradition" n'existe pas en elle même, parce que l'homme change et évolue à travers les siècles, et il en est de même de la culture, des civilisations. Ils rejettent le caractère supposé immuable de la Tradition et donc récusent l'idée d'une transmission.

Cela constituerait une invention, le fruit d'un désir de certitudes et de pérennité. Au mieux, dans un tel cas, la soi-disant initiation ne dépasse t'elle jamais le contexte d'un groupe humain restreint ou d'une micro société

Cependant, les termes d'Initiation et de Tradition peuvent être reliés si on les définit par l' "éveil des facultés purement spirituelles", inscrites en chaque homme.

Dans ce cas là, et seulement là, les apparentes séparations entre les hommes, les cultures, les religions disparaîtraient.

On peut traduire alors le terme d'"initiation" par l'éveil d'un pouvoir supra-mental, de (sanscrit: Manas, racine: "man", penser..),
On peut aussi le traduire par les éveils successifs de niveaux de conscience supérieurs au mental humain, mais rendus accessibles, par le persévérant travail intérieur, (prière, attention, concentration, méditation, contemplation, extase.. etc.).

Cette "intelligence" supramentale (le terme est dù à Shri Aurobindo) est le "Noûs" (gr: Novc), dans la tradition hermétique. Elle correspond aussi aux plans Bouddhique et Atmique (le plan du "Nirvana" Bouddhiste et Hindouiste), des Théosophes, aux plans dits spirituels ou ciels des Chrétiens...

lundi, juin 26, 2006

Préambule - Initiation

Initiation, adj. Initiatique (lat, initiatio), action d'initier en général, et initier : (lat : initiare), de (lat : initium), commencement, admettre à la connaissance, à la participation aux mystères. Depuis les mystères d'Isis en Égypte et ceux de Déméter en Grèce à Éleusis, jusqu'au la Rose-Croix, en passant par les sociétés les plus primitives, chaque espace culturel renferme son initiation.

Dans l'antiquité existaient de nombreux cultes dits à "Mystères" tout autour de la Méditerranée.
Il y avait, comme en attestent le conte de l'Âne d'Or d'Apulée, ou les textes de Plutarque, lui même, prêtre d'Apollon à Delphes, des initiations consacrées entre autres à Isis, ou à Osiris, à Cybèle, Orphée ou à Héraclès...

On y célébrait aussi Dionysos (le deux fois né) à travers un ensemble de rites souvent spectaculaires ayant pour fonction d'imprégner la personnalité du futur initié et de la préparer au moment de l’initiation, à la révélation qu'il allait recevoir... Quelle était la nature de cette initiation et surtout de cette révélation? On en sait aujourd'hui peu de choses, car le disciple était tenu à garder le secret. Cependant, quelques traits de l'initiation ont percé à travers les ouvrages des philosophes présocratiques comme Héraclite, Parménide ou les mythes développés par Plotin.


Les écrits néo-platoniciens attribués à Hermès Trismégiste, et considérés comme la gnose égyptienne (Thot), référence en matière d'ésotérisme ne disent-ils pas : "l'homme est un dieu mortel ...Dieu est un homme immortel"?

Ce a quoi certains répondent que l’homme est un ange déchu, qui se souvient des cieux…

samedi, juin 24, 2006

Introduction - Loi Mathématique

Il existe une loi mathématique, que la géométrie démontre et que l’algèbre applique et dont tout raisonnement doit tenir compte. Elle impose que trois termes entrainent toujours un quatrième qui est proportionnel.

Trois attitudes sont possibles face au patrimoine de la Tradition antique : Dédain, curiosité, et l’élucidation.

Il y en a donc une quatrième proportionnelle à chacune : c’est la réserve consciente et motivée.


Avec le dédain, il demeure prudent de se tenir sur la réserve. Sans admettre de prime abord les assertions qu’un progrès scientifique peut éventuellement confirmer, le doute est de mise, selon plus ou moins d’obstination.

Avec la curiosité, le dévoilement met à la portée de tous, sinon l’ensemble, du moins quelques composantes de ce patrimoine. Il convient d’être circonspect et de faire des réserves sur ce que l’on croit devoir expliquer. La présomption n’est excusable qu’en raison de sa sincérité. Ce que l’on sait peut tant de fois être infirmé par la suite.

Mais avec l’élucidation, révélant complètement les secrets les plus profonds, réserver les modes d’applications du savoir ésotérique, devient indispensable. En toute science, quelle qu’elle soit, positive comme secrète, les connaissances de l’emploi effectif des données acquises demeurent l’apanage de quelques privilégiés qui ont le gout et le temps de se dévouer pour le profit des autres. Cette attitude est limpide, précise et parfaitement rationnelle, élimine les idées préconçues et procure le moyen de tirer profit de recherches personnelles.

Ainsi dans leur application sociale, celle qui concerne l’Humanité, dont l’évolution est faite du perfectionnement de chacun, les sciences du patrimoine de la Tradition antique, seront toujours ésotériques.

jeudi, juin 22, 2006

Pourquoi Omphalos et Metanoia ?

Ou bien la différentiation du sacré et du profane.

Cette citation de Mircea Eliade, nous précise que :

"L’expérience de l'espace sacré rend possible la 'fondation du monde'... Là où le sacré se manifeste dans l'espace, le réel se dévoile, le monde naît à l'existence. Mais l'irruption du sacré ne se limite pas à projeter un point fixe au milieu de la fluidité amorphe de l'espace profane, un 'Centre' dans le 'Chaos' ; il effectue aussi une rupture de niveau, il ouvre une communication entre les niveaux cosmiques (la Terre et le Ciel) et rend possible le passage d'ordre ontologique, d'une façon d'être à une autre."

En premier lieu, se détache la relation axe, centre, temple, espace sacré, initiation, régénération de l'être, vie nouvelle et réalité, etc. Lui fait face : chaos amorphe, indétermination, vie fausse, monde profane, etc. Ce Blog tentera d'éclaircir quelques termes à la lumière de la connaissance traditionnelle.

Le Sacré et le Profane.
L’axe vertical, placé au centre, agit comme intermédiaire dans la relation ciel-terre. Microcosme, macrocosme, haut et bas, et se trouve être symbolisé par l'arbre, la pierre, le temple et par la pyramide. Il incombe à l'homme d'être le représentant de la verticalité, puisque c'est lui qui couronne la création, car c’est en lui que se conjuguent les énergies célestes et terrestres, et par sa voie se recrée perpétuellement le cosmos. D’où l’importance de la Metanoia, comme axe d’évolution.

Metanoia: C’est l’acte de transcender la clôture mentale jusqu'à permettre le changement de conscience ouvrant sur l'aperception se situant au delà l'intellection, avec pour résultat, de nouvelles stratégies pour gérer le futur.

A partir du moment où cet axe est placé au centre de l’idée, caractérisé par l’Omphalos, pierre blanche, centre ou nombril du monde a Delphes selon la mythologie grecque, le processus d’évolution, c.-à-d. de recréation permanente du cosmos, se perpétue.

D’autre part, Héraclite nous apprends que dans la vie éveillée, en réalité ensommeillée on est rarement entièrement "vivant", et plusieurs parties de soi-même gisent inertes, sacrifiées à une agitation mécanique.

Rappel du texte de la Table d’Emeraude ( Tabula Smaragdina)
Traduction de Fulcanelli,

Il est vrai, sans mensonge, certain et très véritable :
Ce qui est en bas est comme ce qui est en haut, et ce qui est en haut est comme ce qui est en bas ; par ces choses se font les miracles d'une seule chose.

Et comme toutes les choses sont et proviennent d'un, par la méditation d'un, ainsi toutes les choses sont nées de cette chose unique par adaptation. Le Soleil en est le père, et la Lune la mère.

Le vent l'a porté dans son ventre. La terre est sa nourrice et son réceptacle. Le Père de tout, le Thélème du monde universel est ici. Sa force ou puissance est entière si elle est convertie en terre.

Tu sépareras la terre du feu, le subtil de l'épais, doucement avec grande industrie. Il monte de la terre et descend du ciel, et reçoit la force des choses supérieures et des choses inférieures. Tu auras par ce moyen la gloire du monde, et toute obscurité s'enfuira de toi.

C'est la force, forte de toute force, car elle vaincra toute chose subtile et pénétrera toute chose solide. Ainsi, le monde a été créé. De cela sortiront d'admirables adaptations, desquelles le moyen est ici donné. C'est pourquoi j'ai été appelé Hermès Trismégiste, ayant les trois parties de la philosophie universelle. Ce que j'ai dit de l’œuvre solaire est complet.

mardi, juin 20, 2006

Description du Blog

Un des objectifs de ce Blog est de partager des connaissances et autres données traditionnelles qui aideront, pour ceux que cela intéresse, à se situer dans la création et donc dans le monde manifesté. Je sais cet objectif est ambitieux et peut être même arrogant. Néanmoins, sans tomber dans l'utopie, je crois que le chemin est plus important que son but. Je crois que définir un but, une direction, est bien plus important que le fait de l'atteindre. Je partage et souscris aux approches orientales du Tao.

Une voie qui peut être tracée, n'est pas la voie éternelle:
Le nom qui peut être prononcé, n'est pas le nom éternel:
le Tao

Je pense que ce référentiel est une des clés de l'évolution et du développement du monde manifesté, de mère nature pour les animistes.

Je crois aussi que l'ouvre sera toujours inachevée. De plus, l'issue de notre passage dans le monde manifesté parait inéluctable. Mais tout cela n'est pas une raison pour démissionner ou subir face à cet environnement apparemment chaotique. Je crois aussi que participer aux desseins divins sans s'y soumettre, est d'autant plus beau que ce n'est pas inutile. Ne souscrivons pas au pari de Pascal sans avoir exploité les approches de Nietzsche, d'Héraclite et de Confucius, sans bien entendu oublier Pythagore et Aristote.

La feuille de route consiste donc à agir comme Zeus qui, aidé de sa grand-mère la Terre, força son père Cronos à dégorger ladite pierre blanche, l'Omphalos. Ayant alors échappé au temps (Cronos) qui devait nous anéantir, nous dévorer, nous entamerons alors, à partir de ce centre du monde, ce voyage qu'est la Métanoia.

Aussi à ceux, citoyens du monde, qui contrôleront le chant des sirènes, et que cette démarche personnelle intéresse, nous souhaitons la bienvenue, welcome, willkommen, welkom, recepcion, boa vinda, benvenuto, etc ..

L'omphalos recouvre la tombe du serpent sacré de Delphes, le Python, tué par Apollon. Par ce geste, Delphes devient le sanctuaire d'Apollon, Dieu de la lumière et de la vérité. C'est le lieu d'où l'on peut interroger le Dieu et connaître ses réponses.

Dans le monde chacun décide du beau
Et cela devient le laid.

Par le monde chacun décide du bien
Et cela devient le mal.

L'être et le vide 's'engendrent
L'un l'autre.
Ainsi le sage, du non-agir.
Pratique l'oeuvre
Et enseigne sans paroles.
Lao Tseu