Allons au texte :
« Nous devons nous faire une conception juste de la nature de l’âme, aussi bien divine qu’humaine, en considérant ses états et ses actes. Toute âme est immortelle. En effet, ce qui se meut toujours est immortel. Or, pour l’être qui en meut un autre et qui est mû par autre chose, la cessation de mouvement équivaut à la cessation de la vie. Seul l’être qui se meut lui-même, puisqu’il ne fait pas défaut à lui-même, ne cesse jamais d’être mû ; mieux encore, il est source et principe de mouvement pour tout ce qui est mû. Or un principe est chose inengendrée. Car c’est d’un principe que vient nécessairement à l’être tout ce qui vient à l’être, tandis que le principe, lui, ne vient de rien. Et comme c’est une chose inengendrée, c’est aussi nécessairement une chose incorruptible…..
…Pour ce qui est de sa forme, ( ce à quoi elle ressemble ), il faut se représenter l’âme comme une puissance composée par nature d’un attelage ailé et d’un cocher. Cela étant, chez les dieux, les chevaux et les cochers sont tous de bonne race, alors que pour le reste des vivants, il y a mélange. Chez nous, celui qui commande est le cocher d’un équipage apparié. De ces deux chevaux, l’un est beau et bon pour celui qui commande, et d’une race bonne et belle, alors que l’autre est le contraire et d’une race contraire. Dès lors, dans notre cas, c’est quelque chose de difficile et d’ingrat d’être cocher.
Comment faut-il que l’être vivant soit qualifié de mortel et d’immortel ? Tout ce qui est âme a charge de tout ce qui est inanimé. Or l’âme circule à travers la totalité du ciel, venant à y revêtir tantôt une forme tantôt une autre. C’est ainsi que quand elle est parfaiteementt ailée, elle chemine dans les hauteurs et administre le monde entier ; quand, en revanche, elle a perdu ses ailes, elle est entraînée jusqu’à ce qu’elle se soit agrippée à quelque chose de solide ; là elle établit sa demeure, elle prend un corps de terre qui semble se mouvoir de sa propre initiative grâce à une puissance qui appartient à l’âme. Ce qu’on appelle « vivant », c’est cet ensemble, une âme et un corps fixé à elle , qui a reçu le nom de « mortel ».
Comprenons pourquoi l’âme a perdu ses ailes, pourquoi elles sont tombées.
La nature a donné à l’aile le pouvoir d’entraîner vers le haut ce qui est pesant, en l’élevant dans les hauteurs où la race des dieux a établi sa demeure. L’aile est, d’une certaine manière, la réalité corporelle qui participe le plus au divin. Or le divin est beau, sage, bon et possède toutes les qualités de cet ordre. En tout cas, rien ne contribue davantage que ces qualités à nourrir et à développer ce que l’âme a d’ailé, tandis que la laideur, le mal et ce qui est le contraire des qualités précédentes dégrade et détruit ce qu’en elle il y a d’ailé….
Voici donc celui qui, dans le ciel, est l’illustre chef de file, Zeus ; conduisant son attelage ailé, il s’avance le premier, ordonnant toutes choses dans le détail et pourvoyant à tout. Le suit l’armée des dieux et des démons, rangés en onze sections car Hestia reste dans la demeure des dieux. C’est un spectacle varié et béatifique qu’offrent les évolutions circulaires auxquelles se livre, dans le ciel, la race des dieux bienheureux, chacun accomplissant la tâche qui est la sienne. Ils se mettent à monter vers la voûte qui constitue le limite intérieure du ciel. Dans cette montée, dès lors que les attelages des dieux qui sont équilibrés progressent facilement, alors que les autres ont de la peine à avancer, car le cheval en qui il y a de la malignité rend l’équipage pesant, le tirant vers la terre. C’est là, sache le bien que l’épreuve et le combat suprêmes attendent l’âme en effet, lorsqu’elles ont atteint la voûte du ciel, ces âmes que l’on dit immortelles passent à l’extérieur, s’établissent sur le dos du ciel, se laissent emporter par leur révolution circulaire et contemplent les réalités qui se trouvent hors du ciel.
Ce lieu qui se trouve au-dessus du ciel, voici ce qu’il en est : l’être qui est sans couleur, sans figure, intangible, (hors du sensible), qui est réellement, l’être qui ne peut être contemplé que par l’intellect- le pilote de l’âme -, l’être qui est l’objet de la connaissance vraie, c’est lui qui occupe ce lieu. Il s’ensuit que la pensée d’un dieu qui se nourrit d’intellection et de connaissance sans mélange, -- et de même la pensée de toute âme qui se réjouit de recevoir l’aliment qui lui convient--, se réjouit lorsqu’elle aperçoit la réalité et que dans la contemplation de la vérité, elle trouve sa nourriture et son délice, jusqu’au moment où la révolution circulaire la ramène à son point de départ. Or, pendant qu’elle accomplit cette révolution, elle contemple la justice en soi, la sagesse, la science, non celle qui change mais celle qui s’applique à ce qui est réellement la réalité. Et quand elle s’en est régalée, elle pénètre de nouveau à l’intérieur du ciel, elle revient à sa demeure.
Voilà quelle est la vie des dieux. Passons aux autres âmes. Celle qui est la meilleure, parce qu’elle suit le dieu et cherche à lui ressembler, a dressé la tête de son cocher vers ce qui se trouve en dehors du ciel et elle a été entraînée dans le mouvement circulaire ; mais troublée par le tumulte de ses chevaux elle a eu beaucoup de peine à porter les yeux sur les réalités. Cette autre a aperçu certaines réalités et pas d’autres. Quant au reste des âmes, elles cherchent à suivre mais elles se bousculent, se piétinent, chacune essayant de devancer l’autre, mais impuissantes elles s’enfoncent au cours de la révolution. Elles s’éloignent sans avoir été initiées à la contemplation de la réalité. Et lorsqu’elles se sont éloignées, elles ont l’opinion pour nourriture. Pourquoi faire un si grand effort pour voir où est la « plaine de la vérité » ? Parce que la nourriture qui convient à ce qu’il y a de meilleur dans l’âme se tire de la prairie qui s’y trouve, et que l’aile, à quoi l’âme doit sa légèreté, y prend ce qui la nourrit. ( opposition à la plaine de l’oubli de « République, X, 621,a »).
« Nous devons nous faire une conception juste de la nature de l’âme, aussi bien divine qu’humaine, en considérant ses états et ses actes. Toute âme est immortelle. En effet, ce qui se meut toujours est immortel. Or, pour l’être qui en meut un autre et qui est mû par autre chose, la cessation de mouvement équivaut à la cessation de la vie. Seul l’être qui se meut lui-même, puisqu’il ne fait pas défaut à lui-même, ne cesse jamais d’être mû ; mieux encore, il est source et principe de mouvement pour tout ce qui est mû. Or un principe est chose inengendrée. Car c’est d’un principe que vient nécessairement à l’être tout ce qui vient à l’être, tandis que le principe, lui, ne vient de rien. Et comme c’est une chose inengendrée, c’est aussi nécessairement une chose incorruptible…..
…Pour ce qui est de sa forme, ( ce à quoi elle ressemble ), il faut se représenter l’âme comme une puissance composée par nature d’un attelage ailé et d’un cocher. Cela étant, chez les dieux, les chevaux et les cochers sont tous de bonne race, alors que pour le reste des vivants, il y a mélange. Chez nous, celui qui commande est le cocher d’un équipage apparié. De ces deux chevaux, l’un est beau et bon pour celui qui commande, et d’une race bonne et belle, alors que l’autre est le contraire et d’une race contraire. Dès lors, dans notre cas, c’est quelque chose de difficile et d’ingrat d’être cocher.
Comment faut-il que l’être vivant soit qualifié de mortel et d’immortel ? Tout ce qui est âme a charge de tout ce qui est inanimé. Or l’âme circule à travers la totalité du ciel, venant à y revêtir tantôt une forme tantôt une autre. C’est ainsi que quand elle est parfaiteementt ailée, elle chemine dans les hauteurs et administre le monde entier ; quand, en revanche, elle a perdu ses ailes, elle est entraînée jusqu’à ce qu’elle se soit agrippée à quelque chose de solide ; là elle établit sa demeure, elle prend un corps de terre qui semble se mouvoir de sa propre initiative grâce à une puissance qui appartient à l’âme. Ce qu’on appelle « vivant », c’est cet ensemble, une âme et un corps fixé à elle , qui a reçu le nom de « mortel ».
Comprenons pourquoi l’âme a perdu ses ailes, pourquoi elles sont tombées.
La nature a donné à l’aile le pouvoir d’entraîner vers le haut ce qui est pesant, en l’élevant dans les hauteurs où la race des dieux a établi sa demeure. L’aile est, d’une certaine manière, la réalité corporelle qui participe le plus au divin. Or le divin est beau, sage, bon et possède toutes les qualités de cet ordre. En tout cas, rien ne contribue davantage que ces qualités à nourrir et à développer ce que l’âme a d’ailé, tandis que la laideur, le mal et ce qui est le contraire des qualités précédentes dégrade et détruit ce qu’en elle il y a d’ailé….
Voici donc celui qui, dans le ciel, est l’illustre chef de file, Zeus ; conduisant son attelage ailé, il s’avance le premier, ordonnant toutes choses dans le détail et pourvoyant à tout. Le suit l’armée des dieux et des démons, rangés en onze sections car Hestia reste dans la demeure des dieux. C’est un spectacle varié et béatifique qu’offrent les évolutions circulaires auxquelles se livre, dans le ciel, la race des dieux bienheureux, chacun accomplissant la tâche qui est la sienne. Ils se mettent à monter vers la voûte qui constitue le limite intérieure du ciel. Dans cette montée, dès lors que les attelages des dieux qui sont équilibrés progressent facilement, alors que les autres ont de la peine à avancer, car le cheval en qui il y a de la malignité rend l’équipage pesant, le tirant vers la terre. C’est là, sache le bien que l’épreuve et le combat suprêmes attendent l’âme en effet, lorsqu’elles ont atteint la voûte du ciel, ces âmes que l’on dit immortelles passent à l’extérieur, s’établissent sur le dos du ciel, se laissent emporter par leur révolution circulaire et contemplent les réalités qui se trouvent hors du ciel.
Ce lieu qui se trouve au-dessus du ciel, voici ce qu’il en est : l’être qui est sans couleur, sans figure, intangible, (hors du sensible), qui est réellement, l’être qui ne peut être contemplé que par l’intellect- le pilote de l’âme -, l’être qui est l’objet de la connaissance vraie, c’est lui qui occupe ce lieu. Il s’ensuit que la pensée d’un dieu qui se nourrit d’intellection et de connaissance sans mélange, -- et de même la pensée de toute âme qui se réjouit de recevoir l’aliment qui lui convient--, se réjouit lorsqu’elle aperçoit la réalité et que dans la contemplation de la vérité, elle trouve sa nourriture et son délice, jusqu’au moment où la révolution circulaire la ramène à son point de départ. Or, pendant qu’elle accomplit cette révolution, elle contemple la justice en soi, la sagesse, la science, non celle qui change mais celle qui s’applique à ce qui est réellement la réalité. Et quand elle s’en est régalée, elle pénètre de nouveau à l’intérieur du ciel, elle revient à sa demeure.
Voilà quelle est la vie des dieux. Passons aux autres âmes. Celle qui est la meilleure, parce qu’elle suit le dieu et cherche à lui ressembler, a dressé la tête de son cocher vers ce qui se trouve en dehors du ciel et elle a été entraînée dans le mouvement circulaire ; mais troublée par le tumulte de ses chevaux elle a eu beaucoup de peine à porter les yeux sur les réalités. Cette autre a aperçu certaines réalités et pas d’autres. Quant au reste des âmes, elles cherchent à suivre mais elles se bousculent, se piétinent, chacune essayant de devancer l’autre, mais impuissantes elles s’enfoncent au cours de la révolution. Elles s’éloignent sans avoir été initiées à la contemplation de la réalité. Et lorsqu’elles se sont éloignées, elles ont l’opinion pour nourriture. Pourquoi faire un si grand effort pour voir où est la « plaine de la vérité » ? Parce que la nourriture qui convient à ce qu’il y a de meilleur dans l’âme se tire de la prairie qui s’y trouve, et que l’aile, à quoi l’âme doit sa légèreté, y prend ce qui la nourrit. ( opposition à la plaine de l’oubli de « République, X, 621,a »).
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