Avec le Phèdre, Platon illustre sa doctrine de l’âme, maintenant élaborée, à travers un mythe. Pour pouvoir parler de l’âme, il faudrait un savoir divin. Le savoir humain essaie d’en donner une image, celle d’un attelage ailé mené par un cocher, qui lui aussi, a des ailes. L’âme divine et l’âme humaine sont pourvues de cet attelage. L’attelage divin est constitué par deux coursiers identiques et excellents en tout. Dans l’attelage humain, l’un des chevaux est de bonne race, l’autre est vicieux, rétif. La tâche du cocher est donc difficile, dangereuse. On retrouve la tripartition : le cocher s’apparente à l’intellect ( Phèdre, 247 c ) ; le bon cheval, qui « est attaché à l’opinion vraie » , à la partie irascible ( Phèdre, 253 d ) ; et le mauvais à la partie désirante ( Phèdre, 253 d, 254 a°)
Malgré leur imperfection, les âmes remplissent leur fonction d’être principe de vie d’une chose sans vie, un corps. Leur position moyenne entre le supérieur et l’inférieur, les oscillations possibles entre le monde de la vérité et le monde de l’opinion, au gré du cheval vicieux de l’attelage, les conduiraient au dessèchement. Mais la mise en œuvre du ressouvenir des vérités contemplées permet de retrouver « l’enthousiasme », cette possession d’un dieu qui les exalte et les élève vers les sphères dont elles ont été déchues. Au plan pratique, c’est le travail philosophique qui permet à l’être d’acquérir les vertus que lui suggère la contemplation.
Arrivé à un niveau de conception accompli, Platon apporte des arguments en faveur de l’immortalité de l’âme :
Parmi les choses qui existent et dont l’existence est liée à leur mouvement, il y a celles qui tiennent d’elles-mêmes leur mouvement et celles qui le tiennent d’une autre chose et le communiquent ensuite à une autre. Celles-ci cesseront d’exister lorsqu’elles cesseront d’être mues, mais non les premières. Il en découle que la chose qui se meut elle-même est impérissable et qu’elle est un principe.
Un principe étant ce à partir de quoi commence d’exister tout ce qui existe, mais qui ne commence pas lui-même, il serait contradictoire que la chose que l’on a reconnue comme principe fût engendrée. Donc la chose qui se meut elle-même et qui est un principe est inengendrée.
Un principe qui donne la vie à l’inanimé, sans influence extérieure, qui est impérissable et inengendrée et l’âme reçoit le mouvement du dedans : elle est donc immortelle.
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