De la Création de l'homme au Déluge.
Cette genèse est décrite dans un texte littéraire du 18ème siècle, à l'époque babylonienne ancienne, en langue akkadienne sous le titre Atrahasis qui signifie le " Très Sage " ou le " Super Sage " Le thème est la création de l'homme, sa destruction par le Déluge, et le renouveau de l'humanité, grâce à l'intervention du dieu Enki-Ea et de son protégé, le dévot Atrahasis.
1. Avant la création de l'homme.
" Lorsque les dieux faisaient l'homme ( faisaient le travail de l'homme),
Ils étaient de corvée et besognaient
Considérable était leur besogne
Leur corvée lourde, infini leur labeur.".
* Les deux classes originelles des dieux : le groupe des dirigeants, Anunnaku ; le groupe des manoeuvres, les Igigu.
* Ceux-ci protestent, épuisés par l'excès de leur travail.
* Panique chez les Anunnaku qui tiennent conseil de guerre.
* Enlil, le souverain des dieux, charge Nuska ( son page ) d'une mission de conciliation qui échoue. Desarroi des dieux et de Enlil.
2. La création de l'homme.
* Enki-Ea propose un plan de salut : créer des remplaçants pour les dieux défaillants. Il fait appel à la sage-femme des dieux, Mammi l'experte : " c'est toi qui seras la matrice à produire les hommes ". On immolera un dieu, ( le dieu Wê ) et sa chair et son sang seront mélangés à l'argile.
Le meurtre indispensable de la victime choisie aura lieu au cours d'une fête comportant un bain rituel, afin que les auteurs puissent se purifier aussitôt de la souillure ainsi contractée. Il ne s'agit donc pas d'un meurtre légal pour faute commise, mais d'un sacrifice. Une fois prêt le mélange argile+chair et sang de Wê, Enki le présente aux Grands-dieux, lesquels crachent dessus, pour lui transmettre magiquement quelque chose d'eux-mêmes.
" De par la chair du dieu
Il y aura en outre dans l'homme, un esprit,
Qui le démontrera toujours vivant après sa mort,
Et cet esprit sera là pour le garder de l'oubli ! "
* Etablissement de la reproduction des hommes.
Sous l'invocation d'Istar ( Patronne de l'amour physique ) le cycle des générations est amorcé et les hommes se mettaient avec entrain au travail et ainsi commençait l'histoire primitive de l'humanité.
3. L'histoire primitive de l'humanité.
a ) Les premiers fléaux.
Le travail et la réussite des hommes élargissent le territoire et la population se trouve multipliée. En réalisant leur vocation native, ils assurent aux dieux une existence plantureuse, mais ils prospèrent, leur vie est longue, et ils accroissent ainsi la rumeur. Et ce tapage indispose le souverain de l'univers, Enlil. Aussi maladroit que lors de la révolte des dieux, il veut réduire le vacarme par le procédé sommaire qui consiste à supprimer les auteurs. Il va expédier à la foule bruyante des hommes des fléaux dans le but de les décimer, sans s'aviser, car il est trop niais, qu'il supprime ainsi un facteur d'équilibre indispensable. C'est pourquoi Enki-Ea prendra leur défense et va tout faire pour les aider à échapper à la volonté destructrice d'Enlil.
C'est là qu'intervient Atrahasis, le Super-Sage. Ce personnage est présenté comme le dévot, l'interlocuteur favori d'Enki-Ea. Disons celui par lequel il préférait faire passer ses messages aux hommes. Le Super-Sage, en qualité de souverain du pays, responsable de ses sujets, implore Enki au moment où les fléaux surviennent, et son Maître d'en haut lui donne les conseils propres à sauver son peuple.
* L'Epidémie.
Gêné par leur tapage, Enlil veut les décimer par l'épidémie.
Le Très Sage, dévot d'Enki, a pour mission de détourner les hommes du culte des dieux et de les conduire à édifier un sanctuaire pour Namtar qui suspendra l'action maléfique. L'épidémie les quitta et la prospérité reprit.
* Sécheresse et Famine. Avec la prospérité, le bruit reprend et Enlil envoie Sécheresse et Famine, un moment atténués par Enki et le Super Sage. Mais Enlil renforce les deux fléaux et convoque Enki et ses complices qui ont bafoué ses ordres. Et il impose aux dieux sa volonté de provoquer le Déluge exterminateur.
b ) Le Déluge.
* Super Sage fait appel à Enki qui lui répond par un rêve : en attendant le Déluge, " Jette à bas ta maison, pour te construire un bateau ! Détournes-toi de tes biens pour te sauver la vie ! Le bateau que tu dois construire, équilatéral, Toiture- le, pour que le soleil n'en voie pas l'intérieur! Et son équipement devra être solide, son calfatage épais et résistant ! "
Enki remplit la clepsydre, la réglant pour l'arrivée du Déluge sept jours après. Atrahasis embarque les familles et les animaux, invite ses gens à un banquet, obture l'écoutille avec du bitume lorsque le dieu Adad commence à gronder. Le vent furieux rompt les amarres, alors que sur la terre, l'anathème passe, le soleil disparaît, les gens meurent comme des mouches. Pendant sept jours et sept nuits, la désolation se poursuit.
* Les dieux, à l'exception d'Enlil, sont atterrés, surtout la sage femme divine, Mammi l'experte.
* Le Déluge s'arrête, le bateau aborde le sommet où il fera relâche, le Très Sage expédie des oiseaux pour savoir s'il peut débarquer. Le corbeau ne revient pas et le Très Sage disperse tout aux quatre vents. Il dispose un repas sacrificiel sur le sommet de la montagne Nisir, à l'intention des dieux. Le mont Nisir ou Niçir était situé dans l'actuel Kurdistan. C'était vraisemblablement l'actuel Pir Omar Gudrun ( 3000 mètres ). Son nom évoquait en langue akkadienne la " protection ", mais aussi le "mystère".
* Fureur d'Elil lorsqu'il constate qu'il a été joué. Enki revendique la responsabilité d'avoir sauvé un être vivant et montre que les hommes sont indispensables à l'équilibre du monde.
* La colère d'Elil s'apaise et il prend deux décisions :
1. Il accorde l'immortalité à Supersage, survivant du Déluge.
2. Pour éviter à l'avenir la surpopulation, l'homme sera mortel : " Ô divine Matrice, toi qui arrête les destins, impose donc aux hommes la mort. Chez eux, outre les femmes fécondes, il y aura des femmes infécondes. Chez eux sévira la Démone-éteigneuse, pour ravir les bébés aux genoux de leurs mères. Institue-leur pareillement des femmes consacrées avec un interdit particulier pour leur défendre d'être mères ! ".
Ainsi, le poème d'Atrahasis, véritable récit mythologique, ( création de l'homme, sa destruction et le renouveau de l'humanité ) donne à l'homme son autonomie, mais en lui donnant les limites de la mort et instituant une théogonie fondée sur la faute et son assomption par le culte.
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