samedi, août 12, 2006

IDOLÂTRIE ET TOTALITARISME

L’idolâtrie et le totalitarisme ont des points de convergence chez l’homme, sur les plans psychologique, relationnel et politique (dans la cité). Aussi allons-nous tenter de montrer les raisons qui nous obligent, plus que jamais à nous préoccuper en hommes responsables, épris de liberté, de ces deux fléaux que sont idolâtrie et totalitarisme dont nous savons qu’ils restent toujours d’actualité.

Nous verrons la permanence de l’idéalisme comme moyen d’exploitation de la dépendance et de l’aliénation psychologique. Nous retrouverons l’interrelation domination-soumission du libre arbitre et de la liberté de conscience. Enfin, la manipulation mentale, individuelle ou collective, viendra en toile de fond nous rappeler que nous avons sans doute une mission personnelle et communautaire a remplir.

L’homme peint sa vie dès sa naissance et même, pour certains, dès avant celle-ci. Très peu tiennent le pinceau préférant le confier, à d’autres par contrainte trop souvent, par idéalisme aussi et pour beaucoup par lâche abandon et soumission consentie. Rester maître de ses pensées comme de ses actes signifie maintenir intacte sa liberté et affirmer sa responsabilité.

Nous ferons tout d’abord un court retour à l’étymologie pour découvrir qu’idolâtrie et totalitarisme ont un point commun qui .est l’interdépendance des êtres. Nous verrons ensuite les profils psychologiques propices à leur gestation, et en particulier le face à face du psychotique passionné et du passionné névrotique. Nous poursuivrons par un aperçu sur l’équilibre relationnel de la cité et l’approche de ce qui prédispose à l’installation d’un processus aliénant. Nous parlerons des grandes contraintes qu’il faut lever pour instaurer un système idéal protégé : la démocratie. Nous énumérerons les déviances possibles comme la théocratie, la manipulation et son arme, l’idéologie qui a pour corollaire la perte de la volonté. Nous décrirons succinctement leur résultante, l’idéologie du régime totalitaire et des sectes, avant de conclure en évoquant ce que sont devenus totalitarisme et idolâtrie aujourd’hui.


A. Rappel étymologique

Le terme idolâtrie est de racine grecque: eidololatrez venant de eidolon eidolon, image et latreuein latreuein adorer. L’attitude idolâtre est d’abord de professer une sorte de culte, une passion pour une personne ou une représentation à qui l’on prodigue des louanges et des honneurs comme un être divin. C’est aussi l’acte de rendre à un homme ou une image le culte souverain dû à la seule divinité. C’est aussi sur un plan profane, manifester pour un homme sortant du commun, pour ses qualités physiques ou artistiques, un comportement psychophysique démesuré.

Le nom de totalitarisme est quant à lui de racine latine. Totus s’employant lorsque l’on considère les hommes non dans leur unité mais leur totalité. Il se définit alors comme un système politique qui sans admettre la moindre tonne légale d’opposition, le rassemblement en un bloc unique de l’ensemble des citoyens a son service. C’est aussi un idéal politique qui considère le « tout social » comme ayant seul une valeur en lui-même, les individus n’étant que des organes a son service.


Dans cette approche nous pouvons affirmer qu’associer idolâtrie a totalitarisme ne pourrait se concevoir s’il ne s’agissait que d’étudier leurs mécanisme de fonctionnement. Nous nouons dire en revanche que le véritable problème qu’ils soulèvent tous deux réside dans le fait qu’ils sont des instruments redoutables de la manipulation humaine. Le comportement qu’ils génèrent mérite notre réflexion, qui puise son origine dans les traits de caractère propres a l’homme, dans ses tendances psychologiques intimes, et dans les comportements qu’il peut avoir au sein de la société dans laquelle il s’inscrit.


Il semble donc tout a tait plausible d’imaginer qu’idolâtrie et totalitarisme naissent et prennent corps entre des hommes aux caractères psychologiques complémentaires. Chacun d’entre nous en effet présente en soi une personnalité qui le place en situation d’être sujet ou objet dans cet échange sensible qu’est la manipulation. Chaque individu est doublement esclave d’un surmoi autoritaire et d’un patron maître écrivait Roudinesco. Idolâtrie et totalitarisme sont donc inhérents à l’esprit humain qui tend à obliger les hommes à vivre ensemble dans des systèmes communautaires de type idéal. Le mot d’idéalisme s’impose à notre réflexion: c’est lui qui fera dire a Nietzsche qu’il est-« un monde d’illusions capables d’entrainer les pires déchainements passionnels ». Formulons quant a nous que c’est cet idéalisme qui ramène toute existence à la pensée !

B. Les profils psychologiques propices

Sans donner d’autre définition disons que le mécanisme de l’idéalisme est de rassembler les esprits autour d’un but commun généré .par une doctrine pour l’atteindre. Nous avons tous un idéal mais nous serions naïfs de penser que tout peut se réduire à lui ! En revanche l’idéal convient au paranoïaque. Craignant le monde, le paranoïaque entreprend de le simplifier pour mieux le maîtriser. Il réduit sa pensée à des formules simples et percutantes. Il affine par des slogans et des formules magiques, sa force de persuasion. Il coupe ses affirmations péremptoires de toute vérification ou critique, deux outils que redoute particulièrement l’esprit totalitaire.

Il est bientôt animé du désir de réaliser une société parfaite ou les contraintes soient nulles et où les individus fusionnent dans le bonheur. Apres cette phase intuitive, si la société des hommes est fragilisée, l’occasion lui sera donné de mettre en place une structure permettant de passer a l’acte selon une logique parfaite, des conclusions inéluctables des projets évidents, le tout s’appuyant sur une idée maîtresse ou la raison a été dupée par la passion.

Pour cela il sera entouré d adeptes qui serons sous .le charme d’un idéal a la puissance absolue, placé au dessus du monde extérieur corrompu qu’il faudra un jour purifier. Ces fanatiques vont favoriser l’éclosion de sa mégalomanie. Rempli d’orgueil et d’inflexibilité le guide va imposer ses idées structurantes au groupe. Idolâtre il construira sa première église, sa première secte.

Totalitariste il formera les cadres d’un groupe organisé et structuré. Les adeptes idolâtres comme les sections policées totalitaires seront donc en place. Prêchant ses idées, il va créer l’union de tous éliminant toute différence, punissant route dissidence ou rivalité.


A la fois partenaire et victime de ce passionné psychotique, nous trouvons le passionné névrotique, avide d’idéal, prêt à adhérer a tout un système qui va lui donner d’éprouver une jouissance orgueilleuse a écouter ce guide qui le stimule et le galvanise. Il a enfin trouvé un havre de repos, de sécurité et de facilité à exister à l’ombre d’un roc spirituel pensant clairement pour lui. C’est lui qui fera bientôt le ménage de tous ce qui lui sera défini comme bas, vil, mal connu ou imparfait prodrome de ce qui deviendra intégrisme, xénophobie ou racisme.

D’autres types psychologiques viendront aussi grossir les rangs. Ils sont caractérisés par leur personnalité obsessionnelle: le goût de l’ordre, du rangement, le plaisir de l’action et du contrôle, le besoin d’exactitude, l’obstination, l’autoritarisme, le perfectionnisme, la certitude de faire mieux que les autres, le purisme, et a l’opposé, l’obséquiosité, la frustration, l’attachement a la discipline, le conformisme et le moralisme exemplaire, autant de traits de caractère rencontrés selon des intensités variables.

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