dimanche, juillet 09, 2006

Les origines du Football, une invention Chinoise

Ou l'idée d'une terre carrée

"La balle est ronde, le mur carré
Représentation symbolique des forces cosmiques yin et yang.
Douze comme les lunes (mois), les joueurs fondent l'un sur l'autre.


Selon la tradition, le football, le "jeu de balle" - comme tant d'autres avancées de l'humanité - a été inventé à l'aube de la civilisation, par Huangdi, le légendaire "Empereur Jaune" de Chine.

On trouvait déjà des professionnels de la balle, des artistes jonglant plus avec les mains et le corps qu'avec les pieds et la tête, dans l'empire du Milieu, il y a plus de deux mille ans. Des représentations et des textes littéraires de l'époque Han (206 av. JC-220 apr. JC) témoignent néanmoins que l'on jouait aussi au ballon avec le pied, qu'il y avait des arènes et des concours, des équipe
s et des règles et que, dans la Chine ancienne, l'engouement des princes et du peuple pour le jeu de balle ne faisait que croître. Le football fut très tôt un sport très populaire en Chine.

Justice et équité

Parmi les plus anciennes représentations de joueurs de football ayant surmonté l'épreuve du temps, compte le bas-relief au Qimu que, le "pavillon de pierre dans l'allée des esprits menant au temple des ancêtres de la mère de l'empereur", comme l'indique l'inscription datée de l'an 123 apr. JC.

Ce monument a la gloire des ancêtres au pied de la montagne Song se trouve a 3,5 km au nord de Dengfeng, dans la province du Henan. Dans le champ visuel horizontal de la stèle, on voit, assises a gauche, deux figures immobiles - probablement des spectateurs - tandis qu'a droite, un joueur vêtu d'une longue robe, les bras largement écartés, en pleine action, exécute un rapide tir du gauche.

Dans l'Antiquité chinoise, le jeu de balle ne servait apparemment pas seulement a se divertir et a se distraire. A ce qu'il semble, il avait aussi une fonction d'entraînement en équipe, visant tout autant a maintenir les soldats en bonne forme physique et mentale qu'a les motiver et a les détendre. Taju bingshi, "Le jeu de balle renforce la combativité du soldat", peut-on lire dans l'une des sept sagesses de Liu Xin, disciple de Confucius et homme politique (50 av. JC-23 apr. JC env.).

D'après diverses sources et commentaires anciens, les deux équipes adversaires étaient composées de six membres chacune, un chiffre confirmé par Li You, écrivain de l'époque Han (55-135 apr. JC). Sur les 85 épigraphes parvenues jusqu'a nous, celle intitulée Jucheng ming " Epigraphe sur le mur de la balle " est dédiée au football :

"La balle est ronde, le mur [de la balle] carré
Représentation symbolique [des forces cosmiques] yin et yang.
[Douze] comme les lunes [mois], les joueurs fondent l'un sur l'autre.
Six contre six, équilibrés [en deux équipes].
Un [arbitre] principal est en place, son assistant en renfort.
Pour une interprétation rigoureuse des règles.
Impartiaux [ils se montrent], que les [joueurs] soient proches ou éloignés.

Pour les passe-droits et l'arbitraire point de place.
Avec un cœur sincère et un esprit sain
Nul ne trouve rien a redire en cas d'erreur de jugement.
[Si] les règles du jeu de balle sont déjà si correctes,
Ô combien cela doit être vrai de la conduite au quotidien."

Le jeu de balle comme miroir du cosmos, de la vie, de la société, de l'ordre social, tel est le sens de l'"épigraphe sur le mur de la balle" inscrite au burin ! Le poète appelle ainsi ses contemporains, comme les générations futures, a respecter les principes de justice et d'équité. Le jeu de balle, des le premier siècle de notre ère, est incontestablement régi par de grandes exigences morales et bénéficie d'une acceptance sociale et d'une adhésion populaire tout aussi élevées. Il évoque les représentations cosmogoniques élémentaires : de par sa forme, le ballon fait écho a la pleine lune et au ciel, rond dans la tradition chinoise.

Les deux équipes qui s'affrontent sont telles les forces originelles du yin et du yang évoquées plus haut, des forces antithétiques, complémentaires dans le mouvement, et qui se fondent en une unité harmonieuse en irriguant l'ensemble du cosmos. Le "mur de la balle", la cage, était quadrangulaire - vraisemblablement percé d'un trou en son centre. Le nombre de joueurs sur le terrain renvo
ie aux douze mois et le terrain ou le stade quadrangulaire - probablement légèrement surbaissé et clôturé - a la ville palatiale, au temple des ancêtres et, au sens large, a l'idée d'une terre carrée.

Un jeu admis a la Cours

Il est surprenant de voir a quel point, vers la fin de l'époque Song (960-1279) et après, les encyclopédistes notamment se sont intéressés aux règles du jeu ainsi qu'aux aspects historiques et formels du jeu de balle. Chen Yuanjing (1200-1266 env.), a qui l'on doit le Shilin guangji, "Recueil intégral du labyrinthe des faits", y présente une foule de détails techniques sur le jeu de balle conventionnel. La reproduction ci-contre de la gravure sur bois originale agrémentée d'illustrations instructives date de 1322. Cette source nous apprend que le jeu de balle traditionnel se pratiquait avec des "buts", qiumen, placés au milieu du terrain.

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