samedi, juillet 08, 2006

Premiere femme universitaire de tradition occidentale

Hypatie 370-415


La première femme universitaire de tradition occidentale.

ou

La Fin d’Alexandrie en 415 après JC :

Hypatie, la dernière grande mathématicienne de l'école d'Alexandrie, par ailleurs fille de Théon d'Alexandrie, directeur de la bibliothèque, est mise en pièces et tuée par une foule de moines chrétiens inspirés par Cyrille, patriarche d'Alexandrie, que l'Église canonisera.

Son assassinat marque un tournant : Après sa mort, de nombreux chercheurs et philosophes quittent Alexandrie pour l'Inde et la Perse, et Alexandrie cesse d'être le grand centre de l'enseignement et de la science du monde antique.

Désormais, la science régressera en Occident, et ne retrouvera un niveau comparable à celui de l'Alexandrie antique qu'à l'aube de la révolution industrielle.

Les travaux de l'école d'Alexandrie concernant les mathématiques, la physique et l'astronomie seront préservés, en partie, par les Arabes, les Perses, les Indiens et aussi en Chine. L'occident, pour sa part, plonge dans l'obscurantisme et ne commencera à en sortir que plus d'un millénaire plus tard.

A chaque période d'essor de la religion chrétienne, correspondra une régression de la condition de vie du peuple et réciproquement.

Qui est Hypatie ?

Hypatie d'Alexandrie (en grec ancien Υπατία / Hypatia, v. 370 – 415) est une mathématicienne et philosophe grecque.

Son père Théon d'Alexandrie, dernier directeur du Musée d'Alexandrie, est éditeur et commentateur de textes mathématiques. Il éduque sa fille en l'initiant à la mathématique et à la philosophie. Celle-ci a dirigé l'École néo-platonicienne d'Alexandrie.

Hypatie fait ses études de sciences, philosophie et éloquence à Athènes. Elle travaille aussi dans le domaine de l'astronomie et de la philosophie. Elle écrit des commentaires sur L'Arithmétique de Diophante, sur Les Coniques d'Apollonius de Pergame et sur Les Tables de Ptolémée. Ses exposés publics à Alexandrie, où elle défend les thèses néoplatoniciennes contre les points de vue chrétiens, lui valent une grande renommée. Cependant aucun de ses travaux ne nous est parvenu, en particulier à cause de l'incendie final de la Bibliothèque d'Alexandrie ; ceci explique sa faible notoriété.

Le philosophe Synésios de Cyrène, un de ses élèves, la loue dans ses lettres pour sa grâce (très belle, elle reste vierge d'après la légende) et lui demande des conseils pour construire un hydroscope, un astrolabe ou pour tracer des cartes géographiques.

Les ouvrages d'Hypatie auraient tous été perdus. Cependant, selon certaines sources, un de ses ouvrages a été retrouvé il y a quelques années dans la bibliothèque du Vatican.

La mort d'Hypatie

En mars 415, d'après l'historien chrétien Socrate Scolasticus, elle meurt lapidée en pleine rue par des chrétiens fanatiques qui lui reprochaient d'empêcher la réconciliation entre le patriarche Cyrille d'Alexandrie et le préfet romain Oreste à la suite de conflits sanglants entre diverses communautés religieuses d'Alexandrie.

La petite histoire

Alexandrie, 415. Cinq ans après le sac de Rome, alors que l'Empire s'écroule, l'Egypte vit à l'heure des derniers feux du paganisme antique. L'Occident est acquis à la cause du "Galiléen", l'Orient résiste encore, mais il n'est qu'en sursis. La ville égyptienne abrite une population multiconfessionnelle; la cohabitation s'avère de plus en plus difficile. Face aux Juifs et aux païens "Hellènes": les partisans de Jésus, manœuvrés par l'évêque Cyrille, et qui comptent bien se rendre maîtres de la place.

Dans cette atmosphère tendue se dresse Hypatie, la vierge des païens et, si l'on en croit les relations de Socrate et Damaskinos, l'ultime rempart du paganisme. Son père, prêtre des dieux et scientifique de renom, lui a enseigné la mathématique, l'astrologie et la philosophie. Elle a grandi dans le culte des dieux; elle sait que tout flanche et agonise autour d'elle; pourtant, elle se refuse à suivre la théorie des conversions. Un combat sans espoir, perdu d'avance En cela réside toute sa signification.

Hypatie enseigne la philosophie, elle a le verbe haut mais la grâce l'habite; tous les témoignages convergent lorsqu'il s'agit d'évoquer sa grande beauté. On a coutume de la représenter au milieu d'un cénacle, le cercle de ses fidèles qui, avec elle, refusent de voir les dieux s'exiler pour céder la place aux religions de l'intolérance.

Les Juifs et les chrétiens s'affrontent à coups d'émeutes et de pogroms sous les regards inquiets d'Hypatie et des siens; à quand leur tour ? Il y aussi la lutte d'influence que se livrent Oreste, préfet de la ville, et l'évêque Cyrille. Pour une cause mal définie, le préfet d'Alexandrie aurait fait torturer à mort un chrétien, un provocateur dont les Juifs ont exigé la tête. L'affaire dégénère bientôt et c'est le massacre entre les deux communautés. Cyrille, qui a l'avantage de la supériorité numérique, fait détruire les synagogues et expulser les Juifs. Puis, emporté par son élan, l'évêque harangue ses troupes qui jettent l'anathème sur le représentant de Rome. Oreste cherche alors à se concilier les faveurs d'Hypatie dont l'influence est toujours notoire pour tenter de réduire Cyrille et ses moines fauteurs de troubles. On rapporte aussi que frappé par la beauté de la jeune femme, le préfet d'Alexandrie, bien que baptisé, aurait longuement hésité à s'engager sur le voie du paganisme. Il n'en fit rien.

Lorsque la vierge païenne est prise à partie en pleine ville par la foule chrétienne fanatisée qui l'arrache de sa voiture et la traîne au Caesarium, il ne réagira pas. Sur les marches du temple impérial, Hypatie est "déshabillée, tuée à coups de tessons, mise en pièces Ses restes sont ensuite promenés dans les rues et brûlés". Désormais, Cyrille et Oreste peuvent envisager la réconciliation.

Littérature

Hypatie, vierge martyre des Païens

"Dors, ô blanche victime en notre âme profonde,
Dans ton linceul de vierge et ceinte de lotos;
Dors! l'impure laideur est la reine du monde
Et nous avons perdu le chemin de Paros

Demain, dans mille années,
Dans vingt siècles, ‹qu'importe au cours des destinées‹
L'homme étouffé par vous se dressera
Votre œuvre ira dormir dans l'ombre irrévocable".

Leconte de Lisle

(Hypatie et Cyrille)

Dans son avant-propos à un ouvrage de Gabriel Trarieux (4), George Clemenceau eut cette phrase: "Hypatie contre Jésus. La Grèce toujours contre sa mère l'Asie, la beauté contre la bonté, fût-il jamais plus passionnante tragédie?"

Hypatie, la chaste et belle païenne, n'a pas voulu se taire et se prosterner. Elle a montré la voie. Souvenons-nous du culte d'Athénée Poilias qu'elle tenta d'honorer jusqu'au bout et de sa croisade contre le Crucifié.

Biobibliographie

  • Marcel Jean, Hypatie ou la fin des dieux, Leméac, 1989
  • Maria Dzielska, traduit en anglais par F. Lyra, Hypatia of Alexandria, (Revealing Antiquity, No. 8) Cambridge, MA: Harvard University Press, 1995 (1996 en livre de poche)
  • Marie-Florence Ehret, Hypatie, fille de Théon, Atelier Des Brisants, 2001

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